Ces rêves qu'on piétine de Sébastien Spitzer

Résumé de l'éditeur

Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets. Au même moment, des centaines de femmes et d’hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s’accrochant à ce qu’il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l’enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d’une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d’un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d’un homme et le silence d’une femme : sa fille. Elle aurait pu le sauver. Elle s’appelle Magda Goebbels.

Premier roman et Sébastien Spitzer s'attaque aux derniers jours du régime nazi : un défi réussit et porté par une écriture sensible et littéraire, simplement magnifique. Entre fiction et Histoire, le récit des Rêves qu'on piétine est constamment alimenté par l'horreur de la guerre et du nazisme. Les premières lignes :

Il sait qu'ils sont des milliers comme lui, à arpenter les routes des territoires de l'Est. Des cohortes de de guenilles maculées de mois de crasse, tiraillées par le manque. La faim, la soif, les proches, l'avenir. Des cadavres en mouvement. Survivants, comme lui. Il en reste. Ils sont là. Ils marchent en colonnes ordonnées.

Le récit suit à la fois la vie de Magda Goebbels, de son ascension au plus haut du pouvoir à sa mort, et la fuite de prisonniers de camps. Le roman fait constamment des retours dans le passé, montrant en filigrane comment l'empire s'est construit. Ce sont des lettres qui font le liens entre ces deux facettes du roman, les lettres d'un prisonnier à sa fille qui se trouve être Magda. Une construction romanesque complexe mais impeccable qui rend les personnages très humains. 

L'écriture est belle, chaque mot choisis avec soin. La narration au présent, les phrases dans l'ensemble simples et courtes, tout cela donne un texte à lire au calme, qui nous entraîne dans une tourmente humaine et une horreur absolue. Les personnages cachent aussi une humanité, même si les âmes brisées et les coquilles vides sont légions dans ce roman. 

Derrière la fiction se cache des heures de travail de recherches, l'écriture romanesque venant combler les blancs, expliquer des comportements et apportant l'émotion. Le roman éclaire des pans inconnus de l'Histoire, comme les origines obscures de Magda.

Un premier roman magnifique et un roman à suivre ! Un livre à lire, ABSOLUMENT !

Coup de ❤️❤️❤️

Editions de l'Observatoire
Août 2017
304 pages
20€
ISBN 9791032900710