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Chanson douce par Leila Slimani

Voyage au pays de la rentrée littéraire avec Gallimard, qui nous propose le deuxième texte de Leila Slimani, après Dans le jardin de l'ogre en 2014. Chanson Douce, c'est un récit qui observe l'intimité de deux parents, un récit violent mais tout en retenu. Époustouflant.


Chanson Douce

Août 2016
240 pages
18 € / 12,99 € ebook
ISBN 9782070196678


Résumé de l'éditeur
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.

Dans ce livre, la violence n'est pas visuelle, elle n'est pas faite de coups physiques, de chairs et de sang, ou bien de mots durs. Non, elle est toute en douceur, paradoxalement. Elle réside dans notre regard de lecteur, nous qui nous indignons devant certaines scènes. Car l'auteur nous donne à voir des faits, sans jugements ou parti-pris. Son regard tente simplement d'analyser comment cette nounou a pu commettre l'irréparable : tuer les enfants avant de tenter de se suicider.

La violence donc, je l'ai ressentie grâce au point de vue omniscient qui est donné au lecteur. Dès le début, on sait la fin et on a donc un regard surplombant. Et j'ai eu plusieurs fois envie de hurler à ces parents de trouver une autre nounou, j'ai eu envie de crier à cette femme d'affronter la réalité au lieu d'ignorer les lettres réclamant le paiement de ses dettes. Et surtout, j'ai plusieurs fois eu envie de dénoncer la situation malsaine qui se développe peu à peu, sans que les parents ne s'en rendent compte. 

Mais Louise a les clés de chez eux, elle sait tout, elle s'est incrustée dans leur vie si profondément qu'elle semble maintenant impossible à déloger.
L'appartement silencieux est tout entier sous son joug comme un ennemi qui aurait demandé grâce.



Car Louise, la nounou, peu à peu, se fond dans la vie de famille, prend des libertés. Une intimité dérangeante se noue : la nourrice se met à dormir chez eux, elle fouille dans les affaires du couple, fait les lessives pour tout le monde. Elle devient indispensable mais sait rester invisible. Je n'ai pas eu l'impression que Louise crée volontairement cette situation, simplement elle entre par la petite porte, laissée entrebâillée par le couple.

Pas de temps mort dans ce roman, pas de tension non plus puisqu'on sait dès le début la fin. Ce que nous propose Leila Slimani, c'est une tentative d'explication, de reconstitution. Intercalés dans l'histoire, des témoignages, ceux de la voisine, de la fille de la nounou... L'écriture est fluide. Tout coule de source, comme si la fin était inéluctable. L'auteur réussit à montrer à quel point les rapports entre parents et nounou sont complexes : entre relation économique et relation familiale. 

Et puis, en filigrane, on remarque le regard de la société sur ce lien si particulier. Comment peut-on laisser ses enfants à un étranger plutôt que de les élever soi-même ? Et puis, mon Dieu, comment osent-ils exploiter aussi la pauvre nounou ?! Des regards qui ignorent totalement le désir des parents de s'épanouir professionnellement et ne prennent pas en compte le fait que Louise est rémunérée pour ce travail, et non pas exploitée.



A lire pour un thème de société moderne, les rapports complexes entre parents et nounou, 
ainsi qu'une écriture fine et maîtrisée !




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